L'actualité de la crise: combustions lentes, par François Leclerc

Billet invité

COMBUSTIONS LENTES

Lorsque l’on quitte un instant les cimes de la finance et de l’économie pour s’intéresser à l’étage du dessous, dont on ne parle pas assez, que peut-on observer ? Que le feu y couve, de manière moins spectaculaire mais avec d’importants effets potentiels. Comme s’il se confirmait qu’il y avait eu plusieurs départs du feu, signe incontestable qu’il n’a pas été accidentel, et surtout qu’il n’est pas éteint.

Est-ce un prétexte pour reparler de ces bombes à retardement que sont les marchés hypothécaires résidentiel et commercial, aux Etats-Unis ou dans les pays qui ont le plus succombé au démon de la promotion immobilière, comme l’Espagne ? C’est un peu tôt encore pour le faire, il faut attendre encore.

Ou bien pour remettre sur le tapis le marché des LBO (leveraged buyout), cette technique à fort effet de levier qui consiste à financer l’acquisition d’entreprises par l’endettement, en leur faisant ensuite supporter le poids du remboursement des dettes contractées ? Un nombre de plus en plus grand d’entre elles n’y parvenaient plus et les banques ont du procéder à des refinancement, afin de ne pas constater d’importantes pertes, vu la dimension des opérations. Le cap difficile est pour l’instant doublé en Europe, grâce à l’afflux de liquidités qui a permis d’y procéder sans encombre. On verra par la suite, quand les nouvelles échéances surviendront et si la récession se précise.

Non, c’est l’occasion pour faire le point sur la situation des collectivités locales, régions, grandes villes et Etats américains, en Europe et aux Etats-Unis. Les principaux bailleurs des fond des programmes sociaux.

En Europe, Les marchés vont être extrêmement sollicités par les collectivités. Standard & Poor’s évalue leurs besoins financiers, pour cette année, à 1.300 milliards d’euros, ce qui confirme l’embouteillage annoncé sur le marché obligataire. Les Länder allemands et les régions espagnoles sont parmi les plus gros emprunteurs. La situation a commencé à se tendre, les agences de notation commençant à abaisser leurs notes, la compétition devenant accrue entre emprunteurs, les taux obtenus augmentant en conséquence. Alors que les Etats sont sommés de réduire leurs propres déficits, tout en s’étant comme en France défaussés sur les collectivités de coûts qu’ils supportaient auparavant, sans clairement les compenser financièrement. Les recettes fiscales locales, elles, sont à la baisse en raison de la situation économique. La crise économique est à l’oeuvre : une des régions européennes les plus florissantes, la Catalogne espagnole, va devoir lever cette année 9,4 milliards d’euros et va aller les chercher, pour la première fois, jusqu’au Japon.

Mais un autre facteur est à l’oeuvre, se révélant dans toute son ampleur en Italie. A l’occasion du procès de Milan où sont poursuivis JP Morgan, Deutsche Bank, UBS et Depfa (la banque allemande spécialisée dans les prêts aux collectivités), on a appris qu’un tiers de la dette des collectivités locales italiennes était composée d’actifs toxiques, pour une valeur nominale de 35,5 milliards d’euros. Combien vaudront-ils lorsqu’ils arriveront à échéance, alors qu’ils n’ont pas encore été dépréciés ? Quels nouveaux besoins de financement en résultera ?

La situation se présente différemment aux Etats-Unis, les Etats étant dans l’obligation d’équilibrer leurs comptes courants, ne pouvant emprunter que pour financer leurs investissements (à l’exception du Vermont). Ils n’ont d’autre ressource, en cas de besoin, que de se retourner vers l’Etat fédéral. Cela vient d’être le cas de trente-trois d’entre eux, qui y ont été contraints afin de payer les indemnités de chômage, pour un total de 38,7 milliards de dollars. A elle seule, la Californie, le plus riche des Etats américains, la 8 éme puissance économique mondiale si elle était indépendante, a émargé pour la somme de 8,4 milliards de dollars.

Cette situation est un véritable boulet aux pieds de l’Etat fédéral, contrecarrant ses efforts de relance de l’économie et gonflant son endettement. C’est l’éclatement de la bulle immobilière qui en est la première cause, diminuant fortement les rentrées fiscales. Le dépenses sociales augmentant pour leur part, notamment pour financer Medicaid (soins pour les personnes à très faibles revenus), qui représente en moyenne 20% des dépenses des Etats. Il a donc fallu effectuer des coupes budgétaires, elles ont représenté 31,7 milliards de dollars l’an dernier et il est prévu qu’elles totalisent 55,7 milliards de dollars cette année. Car les mesures d’augmentation des taxes n’ont contrebalancé la chute des rentrées qu’à hauteur de 36%.

Les budgets ont donc été coupés de tous côtés : éducation, santé publique, aide aux personnes âgées, malades mentales ou handicapées, suppression de postes dans la fonction publique ou congés non payés imposés. Tous les expédients sont utilisés pour tenter de faire face au déficit des finances publiques. Les Etats sont entrés dans une véritable dérive, incapables d’assumer leurs missions, laissant les Américains les plus démunis sur le carreau.

Arnold Schwarzenegger, le gouverneur de la Californie a résumé ainsi la situation  : « La Californie n’a plus de fruits à cueillir à portée de main. Maintenant, nous devons retirer l’échelle et secouer tout l’arbre ».

La crise se propage lentement mais sûrement dans la société. Porteuse de nouveaux ravages silencieux, d’isolements définitifs et de délitements insidieux. Destructrice de liens sociaux et génératrice d’angoisse sociale. Annonçant le pire des bilans qui va pouvoir en être tiré, que le PIB ne mesurera pas. Une défaite que ceux qui ne seront pas atteints affecteront d’ignorer ou de repousser, par peur ou par cynisme. Les deux à la fois, sans doute.

73 réponses sur “L'actualité de la crise: combustions lentes, par François Leclerc”

    1. Je ne sais pas ce que les Américains dans leur ensemble pensent mais dans les médias d’information (CNN, Fox news pour autant qu’on puisse parler d’information avec ce truc puant), je ne vois que la montée des Tea Party. Il y a clairement un sentiment de méfiance envers l’establishment mais savoir comment il va se traduire dans les urnes est une gageure.

      Le seul pronostique à peu près fiable est que nous verrons de plus en plus de puissants et parfois violents mouvements de colère. Et pas qu’aux États-unis.

  1. @ François Leclerc :
    Sans aller très loin, on peut aussi observer les mêmes chose en France et notamment au sein des Conseils Généraux. Une bonne trentaine sont estimés ‘en faillite’, sachant qu’ici aussi, ils n’ont pas le droit de définir un budget en déficit. La récente décision de geler les dotations de l’Etat pour 2010 aux collectivités locales signifie très concrètement l’impossibilité pour certains départements de boucler leurs budgets 2010, sauf :
    1/ à développer leurs ‘recettes’ par une hausse de l’endettement (à supposer qu’ils puissent y avoir accès, comme vous le montrez très bien)
    2/ à ‘tailler’ dans les ‘transferts sociaux’ (ce que souhaiterait voir advenir M. Attali)
    3/ augmenter les impôts locaux.
    Sachant que la solution 1 n’en est pas réellement une, les départements étant déjà bien engagés sur cette voie avec l’inadéquation des dotations de l’Etat depuis maintenant 8 ans (tiens, depuis 2002 ?), il ne leur reste plus qu’à donc ‘tailler’ dans les ‘salaires sociaux différés’, que ce soit l’APA (Allocation Personnalisée d’Autonomie, pour les personnes dépendantes de plus de 60 ans), le RSA ou la PCH (Prestation Compensation Handicap, pour les personnes handicapées), qui représentent parfois plus des deux tiers de leurs dépenses. Ou augmenter, continuellement, les impôts locaux, au risque de se tirer une balle dans le pied électoralement.
    Sans compter les ‘menus’ réductions, comme les subventions aux associations, notamment en politique de la ville (qui sera dès lors officiellement déclarée morte, elle qui attendait son faire-part depuis 2 ans), le sport, la culture, …
    D’autres vont aussi souffrir, comme les investissements lourds en infrastructures, dans les CPER (Contrat de Plan Etat-Région) ou le développement de l’emploi, via les CPE (Convention Promotion pour l’Emploi), sans compter les fonds européens que la France utilise comme ‘trésorerie’, en faisant retarder les paiements ou en déclarant la fin des fonds disponibles sur certaines lignes, alors même que souvent, les préfets doivent ‘taper sur les doigts’ des administrations pour ne pas se faire ‘dégager d’office’ (à savoir, faire remonter les fonds à la Commission européenne) chaque année …
    Comme vous le voyez, c’est bien pire qui s’annonce, surtout pour les départements et les villes, qui ont compétences en affaires sociales. 2010 pour beaucoup sera la dernière année avant que de devoir choisir entre l’augmentation des impôts et les suppressions de dépenses, le plus souvent sociales. Qu’ils soient de droite ou de gauche.
    Mais l’Etat (le gouvernement actuel et ceux passés, en fait) s’en contre-fout car il est hors de questions :
    1/ d’assumer ses responsabilités et de financer les délégations de missions, transmises parfois de force (cf. routes nationales) aux collectivités locales, afin de ‘rogner’ au maximum les déficits en cours ;
    2/ de donner une chance politique aux collectivités locales, maintenant majoritairement à gauche, de se sortir du bourbier pendant que l’Etat s’enfonce car cela viendrait alors souligner ô combien que la politique menée par l’Etat est désastreuse mais pas celle des collectivités locales, majoritairement à gauche !!
    En France, le niveau en est là : faire ce qui est nécessaire pour que rien ne puisse dépasser la tête de l’Etat, quitte à enfoncer ceux qui n’y sont pour rien et qui ont une mission sociale de terrain. Tout, y compris le Crépuscule des Dieux wagnérien assaisonné à la dette publique, pourvu qu’on en tire un ‘bénéfice’ politique pour dans deux ans.
    Régner sur une terre brulée, oui, mais régner.

    A gerber.

    PS : et je ne parle même pas de la ‘refonte’ territoriale concoctée par Balladur (et de la ‘modification’ de la TP), le même qui nous avait passé l’augmentation en plein été du nombre d’annuités dans le privé pour les retraites. Pour dire ce qui attend le ‘local’ …
    Je le dis très clairement, dès maintenant : il ne fera pas bon être pauvre, au chômage, vieux et dépendant, handicapé ou vivant dans les quartiers dits ‘sensibles’ demain (ni être sportif, bénévole dans une association ou assoiffé de culture), car bien que ce soit déjà le cas, ceux là n’ont encore rien vu.
    Et ça fait un paquet de gens concernés …

    1. Les produits financiers structurés ont aussi fait des dégâts importants dans les finances de certains départements ou villes. On trouve même parmi leurs dernières victimes annoncée l’office HLM de Lyon.

      Selon l’agence Bloomberg, plus de 1.000 municipalités en France détenaient des prêts de cette nature en 2009, pour une valeur estimée de 11 milliards d’euros.

    2. @ François Leclerc :
      Oui. Cf. département Seine Saint Denis (je crois prêts avec taux basés sur parité dollar/yen, entre autres …).
      Mais ce département ne se laisse pas faire : il a senti, très rapidement, le piège, financier et politique, dans lequel on souhaitait le laisser choir.
      C’est pourquoi il a décidé (aussi pour des raisons politiciennes) d’engager le fer avec les différentes banques qui lui avaient proposé ces prêts, toutes ayant actuellement accepté de renégocier les maturations des différents prêts.

      Le département a aussi trouvé un parade légale, en utilisant le concept de ‘dissymétrie informationnelle’ : le vendeur aurait mal informé le client, provoquant ainsi une dissymétrie opérationnelle. A priori, imparable, puisque toutes les banques, sous la menace d’être trainées en justice sur la base de ce concept, ont accepté de renégocier les maturations.

      Il y aurait donc du grain à moudre pour certaines collectivités ‘piégées’ par ces dérivés ‘toxiques’.
      Encore faut-il qu’elles en aient la capacité et la volonté à le faire.

    3. @Zebu,

      merci de rappeler tout cela, et dans le détail. Insistons aussi sur le fait que le gel des dotations par l’Etat se fait en eu euros constants, c’est-à-dire sans tenir compte d’une éventuelle inflation (même limitée à 2% par an, par exemple, cela aboutit en 3 ans en une baisse de 6%).

      Les collectivités sont donc prises dans un effet de ciseaux redoutable, surtout pour les plus touchées par les problèmes sociaux, qui vont augmenter peu à peu (fin de droits pour les chômeurs, et transfert vers les dispositifs d’aide, comme le RSA, à charge des collectivités). La seule solution viable est de différer les investissements ou d’augmenter les impôts locaux (ou les deux). L’endettement est de moins en moins possible, comme vous l’avez souligné. Les impôts locaux ne sont pas en soi redistributifs (car sur une assiette très aléatoire) et vont devoir augmenter surtout dans les zones déjà défavorisées.

      L’une des explications avancées pour les problèmes de l’Euro est la difficulté de procéder à des transferts financiers des zones riches vers les autres. On vient tout simplement de réinventer le même mécanisme à l’échelle française.

    4. le concept de ‘dissymétrie informationnelle’ va être difficile de faire passer sachant que chaque collectivité mise en cause dispose d’un service financier avec un directeur des Finances ainsi que d’un élu s’occupant des finances. Là où le particulier peut arguer de sa méconnaissance des conditions, il en est tout autrement pour un directeur financier d’une grande collectivité locale dont c’est quand même le métier

    5. On pourrait profiter du gel des dépenses pour arrêter le bétonnage de nos villes et campagnes.

    6. @ TheoMonk :
      Dans ce type de ‘concept’, il faut tenir compte des tenants mais aussi des aboutissants. Or, y compris avec un directeur financier ‘expert’ (et il ne le sera jamais sur ce type de produit puisque ce n’est pas sa fonction ni son métier), une collectivité locale n’a PAS les moyens objectifs d’identifier les tenants et aboutissants sur des produits aussi complexes.
      Si vous prenez le cas par exemple des trois plus grosses agences de notation, dont c’est le METIER, qui possèdent les COMPETENCES, pour pouvoir évaluer justement ces produits dérivés et qui ne l’ont pas FAIT, notamment pour les subprimes, on peut vraiment se demander comment une collectivité locale pourrait faire ce que n’ont pas su faire ces agences mondiales …
      Je pense donc que le ‘concept’ dissymétrie informationnelle est pertinent et qu’il devrait tenir ses promesses devant des juges, si nécessaire. En fait, il les tient déjà, vu que justement il a permis aux collectivités locales l’invoquant d’aller en justice.
      Cordialement.

    7. @ François Le Sombre :
      Oui, je ne tiens mêmes pas compte de l’éventuelle inflation. Et surtout, de l’augmentation, quasi inéluctable (sauf ‘coup de force’ politique, comme celui engagé par le département des Seine Saint Denis) des impôts locaux : cela concernera bien plus de monde.
      Car de fait, si on ne souhaite pas toucher aux transferts sociaux (ou pas trop), il faudra donc toucher aux salaires en direct, soit les contribuables.
      En clair, que ce soit l’un ou l’autre (ou même les deux, à des degrés différents), tout le monde sera à un moment ou un autre concerné.
      Cordialement.

    8. @Zébu,

      Vous écrivez:
      « 2/ de donner une chance politique aux collectivités locales, maintenant majoritairement à gauche, de se sortir du bourbier pendant que l’Etat s’enfonce car cela viendrait alors souligner ô combien que la politique menée par l’Etat est désastreuse mais pas celle des collectivités locales, majoritairement à gauche !! »

      Je ne vois pas comment la politique des collectivités locales (guidées par des préoccupations essentiellement clientélistes comme à l’échelon national, selon moi) serait plus vertueuse.
      C’est marrant cette façon de découper les responsabilités de chacun, alors qu’il s’agit bien de la responsabilité collective d’une société dans son ensemble. Chacun cherche son bouc-émissaire où il peut…

    9. @ Wladimir :
      C’est ‘selon vous’ que les politiques menées par les collectivités locales sont clientélistes au même titre que celles menées par l’Etat. De fait, quand plus des deux tiers des dépenses relèvent de l’action sociale, difficile de faire du clientélisme, surtout quand on est au plus près des citoyens-contribuables-bénéficiaires-électeurs.
      Je ne cherche pas des bouc émissaires : j’identifie les responsabilités, qui semblent patentes (et politiques-financières), justement de la part de l’Etat, quant à la déréliction, délibérée, des politiques et des institutions locales.
      Je ne vois pas en quoi rechercher les responsabilités d’une partie (l’Etat) empêche quoique ce soit d’identifier les causes de la crise sociétale. Les politiques libérales et l’idéologie qui les soutient sont la cause de cette crise.
      Si ça vous fait mal aux fesses de l’admettre, venez me démontrer le contraire.

    10. @zebu

      ce concept de dissymétrie informationnelle est très intéressant
      avez-vous des précisions (ou des documents) sur son articulation légale?

      le droit civil admet les vices du consentement suivants: dol, violence (morale), erreur. si l’un d’eux est constaté, le juge peut annuler le contrat litigieux.
      une convention doit également énoncer des obligations qui présentent une cause licite pour être valable.

      savez-vous dans quel cadre conceptuel juridique la dissymétrie informationnelle a été soulevée?

    11. Tout à fait d’accord avec Wladimir .On ne solutionne pas un probleme en le découpant en tranches et en agglomérant des solutions disparates.C’est une solution genre subprime cher Zébu !

    12. Phil89 :
      Prenez connaissance du « nouveau » code civil remanié par l’actuel président.

      TOUS les articles évoquant le dol ont été modifiés et PAR DESSUS TOUT : les quelques clauses réputées non-écrites dans les contrats privés ont disparues tout simplement.

      Le code Napoléon qui défendait le simple humain individuel a disparu car cet humain doit être à la merci du premier financier et commercial venu.

      MIEUX : au niveau professionel. Je cite de mémoire un nouvel article qui boulverse la donne : un professionel (en tant que client) n’a pas le droit d’opposer des clauses étant trop en contradictoire avec celles du vendeur………

      SYSTEME AMERICAIN !!!!
      Et VOULU !!!

    13. @ Phil89 :
      Je le tire tout simplement du concept d’asymétrie informationnelle (défaut de symétrie dans l’échange d’information). En lieu et place d’un défaut, le ‘concept’ de dissymétrie informationnelle serait non pas un défaut mais bien une absence unilatéral de transmissions d’informations dans le cadre d’une relation contractualisée, par exemple entre un offreur de crédit (Natixis, disons) et un emprunteur (Conseil Général de la Seine Saint Denis, disons).
      C’est sur ce point, très particulier que s’est appuyé Claude Bartolone, Président du Conseil Général, pour menacer les 5 banques de poursuites en justice : « non-conseil à un client non initié ».

      Le fait que le client soit ‘non initié’ serait ce que l’on pourrait appeler en droit une ‘circonstance aggravante’ (mais non nécessaire).
      Car le devoir de conseil fait partie intégrante des devoirs du banquier, de même que le devoir de mise en garde.
      Depuis 2007, la Cour de Cassation a donné une jurisprudence unifiée en la matière par deux arrêts :

      Pire, la présomption de charge de preuve pouvait incomber à un emprunteur professionnel, partant du principe qu’il était initié : cette preuve de charge est maintenant renversée, sous condition que la banque démontre que l’emprunteur était bien initié, afin de la dispenser du devoir de mise en garde.
      Mais, « Les établissements de crédit devront donc assumer la preuve que l’emprunteur appartient à la catégorie fermée d’emprunteur averti pour pouvoir être dispensés de leur devoir de mise en garde. Ce faisant, une telle distinction porte en elle les signes d’une aggravation de la responsabilité des établissements de crédit, en leur faisant supporter une telle preuve ».
      En clair, c’est quitte ou double pour la banque …

      Et ce qui est vrai pour un emprunteur (particulier), peut l’être pour d’autres types d’emprunteurs et d’autres types de ‘crédits’ : « En effet, la construction jurisprudentielle est d’autant plus remarquable qu’elle a vocation à s’appliquer dans la plupart des secteurs de la banque : celui du cautionnement, de la gestion de portefeuille et des opérations financières. Il pourrait également être utilisé pour définir la vigilance attendue du banquier dans la gestion des comptes. »

      Code Monétaire et financier, L.533-12 :
      « II. – Les prestataires de services d’investissement communiquent à leurs clients, notamment leurs clients potentiels, les informations leur permettant raisonnablement de comprendre la nature du service d’investissement et du type spécifique d’instrument financier proposé ainsi que les risques y afférents, afin que les clients soient en mesure de prendre leurs décisions d’investissement en connaissance de cause. »

      « Dispositions communes aux prestataires de services d’investissement ».

      NB : pour être complet, reste la notion très ‘floue’ et très importante (car implique ou non la charge de preuve) de client professionnel (cf. Article L.533-16).
      Le décret D.533-11 définit très précisément ce qu’est un client professionnel pour un prestataire de services d’investissement.

      Seul le point 2. pourrait ‘éventuellement’ concerner les collectivités locales en France, sous conditions :
      1/ que les critères correspondent à la comptabilité publique,
      2/ que les dites collectivités aient des bilans > 20 millions d’euros ET des recettes > 40 millions d’euros (en règle générale, le 3ème point ne les concernent pas, avec les ‘capitaux propres’).
      Soit beaucoup de potentialités pour que les dites collectivités locales s’en exonèrent. Et donc que les banques ait pour charge d’apporter la preuve qu’elles ont bien rempli leur devoir de mise en garde et de conseil, ce qu’elles ne font quasiment jamais sur ce type d’opérations, estimant que l’interlocuteur est suffisamment avertis pour être considéré comme un client professionnel.

      On comprend mieux pourquoi les 5 banques ont accepté derechef de négocier avec Bartolone …

      Cordialement.

    14. @ Yvan :
      En l’espèce, on se contrefout du code civil, qui ne regarde ‘que’ les affaires privées.
      Pour les ‘prestataires de services d’investissements’ (soit une bonne diversité de cas dans le monde de la finance), il y a tout simplement le code monétaire et financier (cf. post plus haut).

      Et là, la Cour de Cassation rigole pas. Et les ‘prestataires’ non plus.
      Surtout s’ils doivent apporter la charge de preuve que le client n’est pas initié (très très compliqué pour une personne ou une structure lambda, d’autant que ‘les cas e figure’ ont été très clairement listés).
      Dans la négative, charge de preuve qu’il a respecté son devoir de mise en garde et de conseil. Soit quasiment jamais.
      Ouch …

      Si vous connaissez des collectivités locales dans le besoin, vous pouvez faire circuler les arrêts et les articles du code concernés. 🙂

      Cordialement.

    15. @ Jacques :
      tout à fait d’accord avec vous mais cela n’empêche en rien de rechercher les responsabilités effectives ainsi que les intentions cachées derrières les actions ou inactions.
      Concernant les subprimes et en termes d’analogies, c’est comme si vous disiez : c’est une crise globale du capitalisme que l’on lire dans les entrailles des subprimes (ce qui est vrai), permettant ainsi de ‘passer outre’ sur les responsabilités des acteurs y ayant participé (ou ayant été inactif).
      C’est un peu gros là, le coup du ‘le panier de pommes est en train de pourrir, recherchons-en les causes, oublions ce qui a pu pourrir une pomme (au départ)’, non ?
      Je répète que sur ce point précis, le gouvernement actuel (et ceux qui l’ont précédé après 2002) sont responsables de la déréliction des politiques et des institutions locales, qu’elles le font en conscience, pour des buts financiers et politiciens.
      Je ne vois pas en quoi :
      1/ ceci est contredit par vos propos,
      2/ pourquoi je devrais ‘taire’ cet aspect, comme faisant partie prenante de la crise en cours (un des métastases si vous préférez), sous prétexte de se focaliser sur la résorption du ‘mal global’ : analyser les symptômes, même circonscrits, permet aussi de bien diagnostiquer la maladie et de bien lutter contre elle, localement et globalement.
      Cordialement.

    16. @zébu,

      Je trouvais simplement bizarre l’argument selon lequel, selon vous, les régions seraient déficitaires entre autre parce qu’elles seraient majoritairement dirigées par la gauche et que l’état les punirait en quelques sorte en les privant de subsides…
      Il me paraît plus simple de dire que les dirigeants locaux comme les dirigeants nationaux ont usé et abusé de l’endettement facile pour équilibrer leur budget et ont succombé aux chants des sirènes bancaires en souscrivant à des montages financiers douteux mais qui leur promettaient des rendements mirobolants.
      Plus généralement, tout le monde a voulu la décentralisation en France, pour soi-disant rapprocher le pouvoir de la base (peut-être aussi pour caser un certain nombre de militant-notables) mais il y a aussi une tradition bien française qui consiste à se retourner vers l’état honni au moindre problème en exigeant des sous coûte que coûte…

  2. La nuit est chaude. La foule éructe, hurle et ondule, les sirènes de la police tournoient dans les gyrophares des pompiers qui ramassent les morceaux de cette apéro « face de bouc » puissance mille. On a gagné!!!!
    Notre équipe de rugby jouera dans le « top 14 » l’année prochaine.
    Cette année le budget tournait autour des six millions d’euros. Il parait que l’année prochaine, le prix de la « saison » se montera à neuf millions d’euros.
    Cela ne fait à la louche que cent vingt Euros par habitants pour entretenir une trentaine de mercenaires gladiateurs dans « l’élite »..
    On a gagné.
    Je suis perdu.

  3. Mr Leclerc bonsoir

    Votre article qui résume fort bien les divers volets de « désastres annoncés » m’amène à vous poser une seule question lancinante pour moi au plan fondamemtal:

    Je prétends, contre tous les caciques pro de la finance et contre les théories économiques répandues abondamment qu’on ne peut sortir de cette situation que par une dose d’inflation sans précédent. façon certes basique, vieille comme le monde mais efficace de payer ses dettes.

    En effet, malgré la déflation/recession qui menace (=manque notoire de croissance), et qui donc ne devrait pas nous mener à ce scénario, je ne vois pas d’autre issue.

    Que ce soit un scénarios catastrophe car il entrainerait d’autres phénomènes trop longs à décrire ici, j’en conviens mais …qu’en pensez vous ???

    Merci d’avance

    Amicalement

    Cincinatus

    1. Toute la question est là: pourquoi cette voie naturelle n’est-elle pas empruntée ? Qu’est ce qui y fait obstacle ?

      Dans les beaux livres d’images où nous sont comptées les grandes lois de l’économie, il est expliqué que l’inflation, c’est la mort des rentiers. Et l’on donne de ceux-ci l’image de vous et de moi.

      Or l’érosion monétaire atteindrait les marchés, et ceux-ci ne l’entendent pas de cette façon. Leurs représentants n’ont eu de cesse de l’exprimer aux Etats-Unis et au Royaume Uni, deux des pays dont les banques centrales se sont engagées dans la voie de la création monétaire pour acheter leur dette publique. Ils ne veulent pas de l’inflation, à aucun prix !

      D’où l’impasse et la tentative d’en sortir autrement, par un long désendettement porteur de récession économique et d’austérité.

    2. Pas « comptées » mais « contées »….. lapsus d’économiste on avait compris.

    3. Bonjour.
      Serait-ce possible d’expliquer en quelques lignes en quoi l’inflation serait un recours « naturel » ? Ses avantages – et défauts je suppose – ? Merci.

    4. @François Leclerc

      Et c’est bien là que la position de Merkel m’apparaît pour le moins incohérente et que j’ai du mal à m’enthousiasmer sur la mesure d’interdiction de certaines positions à découvert. Si la vision ordo-libérale allemande s’impose, la catastrophe est quasi-inévitable. Que faudrait-il faire alors pour lui couper l’herbe sous le pied ? Embrayer sur sa mesure en l’étendant et pousser en même temps dans une autre direction qui est celui du financement direct des Etats ?

      Toute la difficulté est de prendre en compte l’inflexion allemande, sans pour autant en faire un prétexte pour elle d’imposer son credo de l’austérité et d’un certain égoïsme financier. Malheureusement, seule la France en aurait les moyens dans l’Union et on sait qui la dirige…Je ne suis donc pas très optimiste (si l’on s’en tient à la représentation politique actuelle)

    5. L’inflation sur les biens de consommation courant ne pourra se faire, la production étant bien supérieure à la demande, les prix faciaux seront tenus, à moins que les augmentations des prélévements sociaux et impôts ne se comblent par l’augmentation des coéfficients qui ne seront pas ajouté au prix final ( le consommateur étant déjà moribond ) mais négocié par la baisse des prix d’achats avant revente. Dans ce cas, ce transfert ajoutera une couche supplémentaire à la crise.
      Demain sera un autre jour, tous ds la rue le 27 Mai, il n’y a que des bonnes raisons pour ne pas s’en laisser conté ou compté, à la liberté de choix de chacun.

    6. @François Leclerc,

      Vous savez très bien qu’une forte inflation:

      1) n’aura rien de naturelle (comme la déflation, d’ailleurs)

      2) risquerait de devenir rapidement incontrôlable

      3) ruinerait effectivement les rentiers, dont font partie entre autres les chômeurs (dépendants de la rente ASSEDIC), les retraités (dépendants de la rente CNAV), les handicapés (dépendants de la rente allocation handicapé adulte), c’est à dire les personnes les plus fragiles

      4) donnerait l’impression l’impression que les dettes accumulées peuvent magiquement s’effacer et qu’il est donc sans importance d’en recréer d’autres plus tard.

      Si l’on parlait plutôt de ré-industrialisation pour redonner du boulot à tout le monde et d’équilibre des comptes pour ne plus être obligés d’aller quémander auprès des banquiers chaque année, quitte à passer son temps après à les maudire le reste du temps…

    7. @ mendia

      Par naturel je voulais dire comme ayant été de soi, pour avoir été tant utilisée. La nouveauté est qu’il n’est plus envisageable d’éroder la monnaie, car cela revient à toucher aux masses de capitaux flottants et aux bas de laine (ceux des petits rentiers aussi, mais leur défense n’est qu’un prétexte).

      L’avantage de l’inflation, de ce point de vue, c’est de réduire la dette, car la monnaie dans laquelle elle est comptabilisée vaut moins. L’inconvénient, c’est de réduire la rente, au sens général du terme.

      Mais la question reste aussi posée : de quelle inflation parle-t-on  ? Comment la calcule-t-on  ? Quelles sont ses causes  ? Comment la maitrise-t-on  ? On entre là dans tout l’échafaudage théorique de la science économique, qui vient de s’écrouler et que l’on prétend toujours utiliser.

    8. C’est presque marrant, mais surtout LAMENTABLE que personne ne connaisse l’histoire de l’Allemagne des années 29-36.
      Qui donneront les mêmes effets dans les pays anglo-saxons, d’ailleurs. Et mondialisé, en plus.
      Bon, je charge la brouette de dollars, je vais acheter un steak….

      VIVE L’HYPERINFLATION ::: elle tue des millions d’humains mais au moins aussi les riches…
      (ils avaient peur de perdre leur cassette dans l’indifférence)

    9. @Yvan
      vous déclarez « C’est presque marrant, mais surtout LAMENTABLE que personne ne connaisse l’histoire de l’Allemagne des années 29-36 ».
      Merci pour ce ton cassant et pour souligner notre ignorance.
      A chacun son domaine de compétence. Si vous allez un jour sur un terrain de jeu autre que celui que vous maîtrisez le mieux, j’espère qu’il vous y sera fait bon accueil et que des personnes bien intentionnées feront en sorte de vous orienter vers les clés de compréhension essentielles. C’est toujours du temps de gagné. A fortiori, dans ce blog, la donnée économique complexe est mise à portée de beaucoup. C’est d’autant plus nécessaire pour l’instruction d’un grand nombre qui auront très bientôt des choix fondamentaux à faire. En connaissance de cause, c’est plus efficace.
      Enfin, je ne crois pas avoir lu nul part que l’inflation était proposée comme la panacée. Et encore moins « l’hyperinflation ». Au contraire, j’y ai souvent lu qu’il fallait en maîtriser tous les paramètres pour l’activer à bon escient et dépasser ainsi le caractère basique de l’opposition rentes/consommation.

    10. on a « bouffé » de l’hyper-inflation sur les actifs depuis le début de ce siècle, évaluez l’envolée des prix de l’immobilier, etc. Cette crise de la dette est aussi générée par cette inflation des actifs et vice-versa.
      sinon, content de voir que finalement François Leclerc change son fusil d’épaule et quitte le camp de la déflation. C’était prévisible 😉

    11. Même moi je sais que les allemands avaient faim (ils avaient encore faim lorsque l’armée allemande est arrivé en Rhône-Alpes, certains en sont morts, au moins un d’avoir trop mangé de beurre, il n’en avait pas mangé depuis si longtemps ….

      NB ma mère dit qu’en allemagne, il fallait un panier de billets pour seulement quelques carottes

    12. @ Cécile,
      il fallait des brouettes de marks pour faire le marché ; le rendez-vous manqué avec l’histoire, c’est la division du mouvement ouvrier, ce qui a permis aux nazes de prendre le pouvoir, soutenus par le grand capital et l’industrie…

      de nos jours, quelque part, un homme sans âme doit être en train de préparer « son combat » …… 🙁

    13. @Yvan

      Il me semble que l’hyper-inflation en Allemagne se limite à 1923. Que cet épisode ait marqué durablement les esprits outre-Rhin est compréhensible mais il ne s’agit ici aucunement de jouer avec le feu mais permettre sous conditions aux Etats d’échapper aux marchés financiers pour s’endetter.

      Pour pouvoir les restructurer en profondeur, il faudra les avoir anesthésié auparavant, ce qui permettra à la puissance publique de reprendre le dessus et d’accéder de nouveau au pouvoir décisionnaire. Je ne vois pas en quoi l’austérité et la déflation qui en découlera soit une meilleure perspective qu’une inflation mesurée. C’est la dépression des années 30 qui a en partie mené à la guerre…

  4. Vous écrivez :

    « un tiers de la dette des collectivités locales italiennes était composée d’actifs toxiques, pour une valeur nominale de 35,5 milliards d’euros ».

    Ne pourrait-on en l’occurrence parler de passifs toxiques ? Je crois qu’il s’agit de prêts souscrits par les collectivités locales (italiennes, allemandes françaises ou autres) moyennant des modalités complexes censées alléger leur remboursement et qui se montrent aujourd’hui ruineuses. Même compliqué par des formules d’indexation absconses, un prêt reste un prêt et donc un passif. La différence entre un passif toxique et un actif toxique est que le premier prend une valeur excessive alors que le deuxième perd excessivement de sa valeur.

    1. Un actif toxique est comptablement à inscrire au passif de l’emprunteur et à l’actif du prêteur ! Ce n’est qu’une question de point de vue.

    2. Si je comprends bien,
      l’argent prêté aux collectivités, reposant lui-même sur des actifs toxiques,
      -soit de l’argent qui n’existait pas, puisque à venir de promesses de remboursements de dettes eux-mêmes impossibles à honorer-,
      il est possible de prêter des promesses d’argent à venir pour de l’argent ???
      (Si le Père Noël me promet la lune et que je prête cette lune …..

  5. Il paraît de plus en plus évident qu’un genre de krach bis se prépare. Il n’y a qu’à voir l’idiotie patente de la situation du logement en France : un chômage en hausse constante qui touche des catégories de plus en plus protégées de la population et des loyers en hausse permanente. Qui paye ?

    1. le fait est qu’ une fois le loyer et les autres factures obligées de payer -électricité, tél, transport ….-

  6. Première élection des conseillers territoriaux en mars 2014

    La première élection des conseillers territoriaux aura lieu en mars 2014. La réforme va réduire de moitié le nombre d’élus locaux (d’environ 6 000 à environ 3 000). Mais « ce n’est pas un objectif en soi », a insisté le chef de l’Etat. Exercer un mandat de terrain est essentiel, aussi bien pour les conseillers territoriaux que pour les élus nationaux. (Portail du Gouvernement)

    Contre Info, 26 octobre 2009
    La réforme des collectivités territoriales prévoit l’instauration d’un scrutin à un tour, « en rupture avec toutes les traditions de la République » pour l’élection des nouveaux conseillers territoriaux, qui siégeraient à la fois dans les assemblées régionales et départementales. Venant après le redécoupage des circonscriptions législatives, cette réforme offrirait au parti du président un « parachute doré pour affronter le suffrage universel, » écrit Patrick Roger dans le Monde du 23 octobre. (Contre Info)http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2861

    Beaucoup de régions et départements arriveront dans un état pitoyable aux élections de 2014.
    A genoux (sur les rotules), « un chapelet à la main » les responsables de ces collectivités iront
    quémander des fonds sur les marchés financiers et augmenteront les impôts.
    Le profil idéal pour se présenter au nouveau scrutin et se faire sanctionner par l’électeur.
    Le succès électoral pour la majorité présidentielle sera total.

  7. « La crise se propage lentement mais sûrement dans la société. Porteuse de nouveaux ravages silencieux, d’isolements définitifs et de délitements insidieux. » Oui j’aime bien cette phrase.
    Mais, bon sang, il me semble que cela fait un demi-siècle que j’entends ce discours. Et si la crise était le point critique marquant le passage d’un état (au sens physique du mot) à un autre, et que le nouveau système auto-organisé à venir aura été plus adapté au monde ?

    1. Je suis d’accord avec vous, mais ce système que vous appelez de vos voeux ne va pas tomber du ciel, il va falloir se retrousser les manches pour le construire.

  8. François,

    La « combustion lente » que vous décrivez n’est pas si lente que ça, me semble-t-il. En Californie, tout le monde SAIT dans quel mélasse l’Etat (et les services qui vont avec) se trouve. En France, je reconnais que ce n’est pas encore le branle-bas de combat pour nombre de collectivités territoriales, mais certaines ont déjà commencé à ruer dans les brancards (cf. la Seine-Saint-Denis dirigée par Claude Bartolone, PS, homme que je n’apprécie guère d’habitude, mais qui a mis les pieds dans le plat). Il y a d’autres départements et/ou communes qui sonnent l’alerte.

    Dans mon département, où l’on aime le calme et le soleil apaisant, on n’en est pas là, mais chacun attend son relevé d’impôts locaux avec appréhension. Ce n’est qu’une question de quelques mois avant le tocsin!

  9. Petite curiosité : changez une lettre et un accent dans « laissant les Américains les plus démunis », et vous obtenez : haïssant les Américains les plus démunis. Normal puisque là-bas, plus que partout ailleurs, on n’aime que les riches.

  10. Le gouvernement espagnol vient de décider que les mairies et provinces ne peuvent plus emprunter ni à travers les financements privés, ni publics! Leur taux d’endettement est déjà extrême. A l’heure actuelle, on ne sait pas encore comment elles feront pour payer leurs fonctionnaires vu qu’elles n’ont rien en caisse.

  11. le capital a gagné 10 points par rapport au travail,ajouté la mondialisation,la spéculation et le peak-oil;voilà,le dessous des cartes,le reste n’est qu’enfumage(retraite,trou sécu,etc)
    c’est donc à partir de cela qu’il faut agir

  12. C’est la logique de l’Empire. L’UE souhaite la disparition des petites communes françaises, estimant que 36 000 communes, ça fait trop. Idem pour les départements, que l’Empire souhaite voir dispaître au profit des régions (créatures de l’UE). Celles-ci devraient fusionner à terme pour qu’il n’y ait plus qu’une dizaine de régions françaises . Tout ce qui fait le ciment du territoire national va donc disparaître, la proximité du secteur public avec sa population, alors que celle-ci va en avoir de plus en plus besoin et que le service public s’avère irremplaçable, le secteur privé étant incapable, par nature, de faire aussi bien.
    There Is No Alternative.
    Et vive l’Empire !

    1. Bonjour,

      je lis vos lignes sur la disparition des petites communes.

      Si je comprends à demi mot vos propos, la communauté Européenne veut cette disparition.

      si vous êtes au courant de cela, cela signifie qu’il y a des documents sur le sujet. je serai curieux de connaître lesquels. Là nous sortons du cadre de l’immédiat mais c’est intéressant de voir ce que nos « élites/penseurs/ » nous concoctent.

      Merci d’avance

      Cincinatus

  13. Au fait, j’ai bien l’impression que les USA vont chercher une échappatoire à la crise par la guerre. Les deux Corée sont au bord de la guerre et il ne m’étonnerait pas que cela fasse les affaires des américains. Le procédé pour y arriver est très classique: un navire sud-coréen a été coulé par une torpille et on accuse la Corée du Nord (qui nie). Si ça ne vous rappelle rien…

  14. La grande presse commence à moins prêter l’oreille aux économistes « officiels » chargée, à son insu souvent, de reprendre les messages de « com » des « gouvernants »:
    Le plus dur de la crise est peut-être encore à venir (Reuters) http://fr.reuters.com/article/businessNews/idFRPAE64N09220100524

    A retenir dans ce papier que selon un analyste, les « gouvernants » n’auraient pas le « courage politique » d’affronter la crise de la dette par les mesures d’austérité nécessaires.

    En fait, ils font montre non pas de manque de courage, mais d’habilité. Au lieu d’attaquer de front les salariés pour assurer la compétitivité du capital, ils ont entamé de les diviser par tous les moyens: entre salariés du public et du privé toujours, entre hommes et femmes ici ou là, entre nationaux et étrangers de plus en plus. Le montée de l’islamophobie, comme des organisations d’extrême droite est au service de cette division.

    En face, les dirigeants des organisations syndicales et politiques négocient, faisant croire qu’ils vont sauver les meubles, et sûrs qu’ils vont gagner quelques chaises, fauteuils, et maroquains. Ils ne font que semer des illusions, favorisant la démobilisation.

    Paul fait bien de rappeler 1788. Comme à beaucoup d’autres époques, le peuple a pris ses affaires en main, en affrontant directement le pouvoir, laissant les gens d’en haut palabrer.

  15. En parlant des étages d’en dessous, si quelqu’un avait l’amabilité de le faire descendre et de le débrancher…

    Sieur Barroso, ce jour férié, donne une interview au FAZ,à paraitre demain, et indique que « les souhaits allemands sont naifs »…

    Deutsche Wünsche sind naiv »

  16. A propose de 1788, justement, je viens de tomber sur un bon départ pour le cahier des doléances:

    APPEL : POUR UNE MOBILISATION EUROPEENNE CONTRE LA DICTATURE DES CREANCIERS
    24 mai par CADTM international

    Depuis des mois, des manifestations ont lieu en Grèce pour s’opposer au plan d’austérité que le gouvernement, les dirigeants européens et le Fonds monétaire international ont décidé d’imposer au peuple grec. Aujourd’hui, la direction du pays n’appartient plus à ses élus mais est placée sous la tutelle du FMI et des institutions européennes échappant à tout contrôle démocratique. Plusieurs grèves générales ont déjà eu lieu à l’appel de l’ensemble des syndicats et des partis politiques de gauche depuis le début de l’année 2010. Cette lutte exemplaire fait écho à celles des peuples d’Europe orientale (Roumanie, Hongrie, Lettonie…), à celles des autres pays des Balkans (Bosnie…), d’Irlande et récemment d’Islande confrontés à des plans d’austérité similaires.

    Les peuples de tous les pays d’Europe ont été, sont ou seront concernés par ces attaques qui veulent faire payer aux salariés, aux retraités, aux chômeurs, les effets d’une crise profonde dont ils ne sont en rien responsables. En effet, ce sont les ‘marchés financiers’ (banques, assurances, fonds de pensions…) qui, par leurs pratiques spéculatives au service des actionnaires et des rentiers, sont responsables de cette crise financière qui prend pour cible la dette publique des pays.

    D’où vient cette dette publique ?

    Elle est principalement le fruit des politiques fiscales favorables aux individus les plus riches et aux grandes entreprises. La baisse des recettes que ces cadeaux aux riches ont entraînée a amené les gouvernements à financer par l’emprunt une partie croissante du budget. Plus récemment, la baisse d’activité économique a entraîné une réduction des recettes fiscales. Enfin, la mise en place des plans de sauvetage des banques a aggravé encore davantage les déficits publics sans que les pouvoirs publics n’en profitent pour prendre le contrôle du secteur financier afin d’en changer les pratiques.

    Qu’a-t-elle financé ?

    La dette publique des Etats n’a pas servi à financer des créations d’emplois, des améliorations des services publics et des infrastructures, elle a seulement servi à sauver la mise des coupables et à combler les déficits budgétaires ainsi provoqués.

    Qui en profite ?

    Ce sont justement ceux qui ont déjà bénéficié des réductions d’impôts (les ménages les plus riches), les banques et les grandes entreprises qui, dans le même temps, spéculent sur les titres de la dette publique et empochent les intérêts des obligations d’Etat. C’est ainsi une double récompense pour les fautifs.

    Qui va payer ?

    Mais c’est une double peine pour les victimes ! Ce sont les populations pauvres, ceux et celles qui vivent de leur travail qu’on veut pressurer aujourd’hui pour voler au secours des profiteurs de la dette :

    • Baisse des salaires et des retraites,

    • Casse de la protection sociale,

    • Destruction des services publics,

    • Remise en cause du droit du travail,

    • Augmentation de la fiscalité sur la consommation, notamment la TVA.

    Non seulement ces plans d’austérité ne règleront en rien les causes réelles de la crise, mais ils vont plonger des millions d’êtres humains dans la misère et la précarité.

    Le réseau CADTM-Europe appelle l’ensemble des forces politiques, syndicales et associatives, à organiser dans l’unité, à l’échelle nationale et européenne, les mobilisations nécessaires pour s’opposer à ces attaques concertées contre les peuples d’Europe.

    Refusons de payer leur crise. Préparons un vaste mouvement social contre la dette et les causes de cette crise !

    Au lieu de ces plans d’austérité, il faut s’attaquer à la racine du problème :

    • En expropriant les banques pour les transférer au secteur public sous contrôle citoyen

    • En réalisant un audit citoyen de la dette publique afin d’annuler la dette illégitime

    • En instaurant une véritable justice fiscale et une juste redistribution de la richesse

    • En luttant contre la fraude fiscale massive dont sont responsables les grandes entreprises et les plus riches

    • En remettant au pas les marchés financiers, par la création d’un registre des propriétaires de titres, par l’interdiction des ventes à découvert…

    • En réduisant radicalement le temps de travail pour créer des emplois tout en maintenant les salaires et les retraites

    • En socialisant les nombreuses entreprises et services privatisés au cours des 30 dernières années.

    Créons une vaste mobilisation populaire dépassant les frontières car il faut faire converger les luttes locales sur le plan international pour venir à bout des politiques de régression sociale.

    P.-S. Adopté à La Marlagne (Namur-Belgique), le 24 mai 2010, lors du séminaire international CADTM intitulé : « Du Nord au Sud de la planète : Des clés pour comprendre la dette publique »

    1. Votre commentaire ressort des autres qui semblent témoigner dans l’ensemble d’une attitude  » changer un ou deux détails pour ne pas changer le fond »

      Le bout de gras, il faut concéder que c’est difficile de le lâcher. Alors à la fin au lieu d’un portion équitablement consentie en temps et heure , c’est la totalité qui est perdue .

      Cela signifierait 5 ans à attendre pour que ce soit en fin de compte des agitateurs publics qui veulent imposer encore un fois une redistribution certainement à leur profit ?

      Au train ou vont les choses cela ne vous parais pas long ?

      Et il semble que dans le prélude cyclique, la grosse surprise c’est que maintenant cette large classe de la « rente » & qui étais pourtant la vraie et seule bénéficiaire à l’époque qui seraient maintenant visée ?

      Du pain et des jeux ? mais avec des rentiers depuis la plèbe comment sera la nouvelle fin d’apres vous ?

      Qui dans ce cas va constituer les nouveaux profiteurs s’il y en a ?

      Les nouveaux arrivistes & oligarques de la nov-langue qui essaient de se placer ou bien les copains de Mad Max dans la banlieue urbaine malsaine étendue au monde ?

      Et bien ils risquent de trouver à se partager ce désert provoqué par l’insatiable besoin maladif du profiter , user , abuser , exploiter sans vergogne et de trop tenter d’avoir la meilleur place sur un terre brûlée par le calcul et l’abus de tout !

      Le boulier est il déjà une machine trop complexe pour ces myrmidons ?

      Il y a un inconvénient dans la gestion de cette crise car il ne s’agit pas d’un simple épisode économico-financier .

      Si le changement de mentalité n’est pas encore plus profond comment peut on même envisager un avenir pour l’être humain quand on sait non pas que les réserves naturelles sont épuisées ( c’est faux !) mais par contre qu’on ne sait pas faire autre chose qu’un monde tellement empoisonné qu’il est en train de faire mourir l’ensemble pour cette vaine loi spéculative du pouvoir et du profit qui en découle d’une fausse élite de n’importe quelle sorte qui pourtant en est issue ?

      & ce peuple souverain de rien est il prêt à ce changement complet ?
      Ne veulent ils pas pour la plupart « ces arènes modernes et des aides  » pendant que des nouveaux oligarques cherchent encore la position pour les berner de nouveau en leur pompant le plus possible comme à toutes les époques ?

      Quel étais cette suite censurée figurant après le triptyque de ces Phrygiens assoiffés se fagotant d’un trinitaire de cette nouvelle hypocrisie de religion baptisée laïque du « Liberté égalité fraternité ( entre riches !) » pourtant attrapes nigauds pour des songes-creux ?

      En fin de compte quelle différence d’un futur à déconstruire pour ce peuple asservi et abruti mais fait-envieux et ces prétendus dominants par la piastre mais qui sont eux pris dans l’illusoire de vaines tentative de prévision & sans retrouver ni les uns ni les autres, ni Conscience , ni Vertu pourtant seule garante de la Vie et d’un futur acceptable ?

    2. Que voila des pistes pour traiter le mal à sa racine et rétablir de la justice sociale et fiscale indispensables.
      Pour corriger le passé il faudrait établir un bilan de chaque foyer fiscal en faisant apparaitre les éléments majeurs tels que patrimoine, ensemble des revenus perçus, impôts acquittés.
      Au vu de ce bilan ceux ayant abusé des nîches pourraient régulariser leur situation en versant les trop perçus à une caisse de solidarité nationale.

  17. Je ne vois pas bien l’intérêt d’une guerre,.. pourquoi faire?
    Si l’objectif c’est de faire la guerre à la Chine c’est encore moins plausible car il ne faut pas oublier que la puissance économique de la Chine c’est surtout la puissance économique US correspondant aux centaines de multinationales américaines implantées là bas.

  18. Merci François de cet éclairage.
    De plus, vous décrivez bien la situation catastrophique dans laquelle sont plongées toutes les administrations et collectivité de la ‘planète’ occidentale. Je me posais la question de savoir si l’on assiste pas , en France tout du moins, à un enfumage généralisé pour tout simplement dissimuler les conséquences de la loi Pompidou Giscard de 73.
    NDA qualifie l’euro de mortifère, je trouve le mot bien choisis. Tous les pays occidentaux se décomposent à vu d’œil devant l’impuissance et l’aveuglement idéologique qui s’expriment en Europe chez les européïstes(je tiens aux « isme ») et de manière générale chez la majorité des politiques.
    L’idéal de puissance qui motive la construction de l’Europe est en train de tuer la bête, de l’asphyxier pour convenir aux canons du néolibéralisme.
    Je ne vois pas en quoi vouloir se mesurer à la Chine pour l’Allemagne, et de facto pour l’Europe entière, puisse apporter prospérité aux Européens. Tout ceci est une course folle.

  19. Gerald Celente : L’élite dirigeante états-unienne, une mafia, un club privé…
    BELLACIAO, lundi 24 mai 2010 (17h59

    Se confiant à Max Keiser, le célèbre pronostiqueur américain Gerald Celente a qualifié l’élite dirigeante américaine de mafia et de club privé.

    Monsieur Celente a également qualifié de mythe l’idée qu’un Américain ordinaire peut gravir l’échelle sociale et parvenir au sommet parmi l’élite.

    Monsieur Celente a décrié le fait que les États-Unis devenait de plus en plus un État fasciste.

    Gerald Celente avait prédit la fin de l’Union Soviétique ainsi que la bulle de l’immobilier aux États-Unis. Il est le directeur du Trends Research Institute.
    http://www.youtube.com/watch?v=JSCy46BWZJs&feature=player_embedded%23%20!

  20. La Bourse de New York a terminé en nette baisse lundi, au terme d’une séance morose face aux nouveaux épisodes de la crise de la zone euro en Espagne : le Dow Jones a perdu 1,24 % et le Nasdaq 0,69 %.

    Les inquiétudes des investisseurs se sont concentrées sur l’Espagne, où la banque centrale a dû procéder au sauvetage samedi de Cajasur, une caisse d’épargne du Sud du pays que contrôlait jusqu’à présent l’Eglise catholique.

    « La crainte d’un effet domino ressurgit », a estimé John Wilson, de Morgan Keegan. « Malheureusement, il semble qu’il soit trop tôt pour fêter la fin de la crise ».

    Boursorama

  21. Mardi 25 mai 2010 :

    Les bourses asiatiques en forte chute à mi-séance.

    Les bourses asiatiques étaient en forte chute mardi à mi-séance, dans un contexte toujours marqué par les craintes pesant sur l’euro et sur la dette de certains pays européens.
    L’indice Nikkei perdait 2,4 % à 9,526.97 points.
    L’indice sud-coréen Kospi perdait 3 % à 1.556,28 points.
    Les bourses néo-zélandaises, australiennes et taïwanaises étaient également en baisse.

    Boursorama

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